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228. SUR UN AIR DE CUBA
De l'architecture aux voitures, tout y est resté dans un décor baroque, où la vie semble s'être arrêtée au temps de Batista, où la Révolution n'aura bientôt plus cours, ni le souvenir de Castro et du Che,
Oldsmobile Super 88
On entretient, au fil du temps, les couleurs vives de la vie, l'atmosphère de chaleur y transpire la gaîté
Buick Eight à Trinidad où il existe, à chaque coin de rue, de vrais joyaux pour collectionneurs avertis
Les façades des monuments, richement décorées, ont gardé à l'extérieur l'opulence d'un autre temps, où les belles américaines peintes et repeintes cent fois, donnent toute la couleur, la splendeur et la joie
Aux piètres lendemains, on a gardé quelques souvenirs de la magnificence, quelques vieilles automobiles qui trônent encore dans l'encablure des halls d'entrées d'opulentes maisons, jamais remplacées, vestiges d'un temps où l'économie glorieuse, ouverte sur le monde, où de riches familles, dans ces décors, vivaient alors chaque jour un rêve éveillé
Il est encore des cours fraîches au charme certain, où les couleurs du passé revivent avec entrain, où dentelles d'escaliers vous font rêver de la splendeur des fêtes qui, chaque soir, y étaient données
SUR UN AIR DE CUBA
Sur un air de Cuba, au son de la clavé, on danse dans les rues de La Havane aux façades colorées.
Il est de ces pays où les affres du temps et de la politique n'ont pas de prise sur la gaîté des gens,
Qui vivent, dansent et chantent toujours dans la rue dans les brumes des volutes de leurs cigares,
Où les rythmes américains swinguaient, sous le régime de Batista, il y a maintenant soixante ans,
Quand la Révolution a stoppé net le temps de l'insouciance avec l'avènement de Castro et du Che.
Dans l'Archipel des Caraïbes, en face des îles Caïmans, Cuba a un peu pris la forme d'un crocodile,
Puissante, racée, qu'au caractère, on ne maîtrise, la Révolution passera, à Trinidad, elle est restée.
Assis au bar, dans les vapeurs de rhum et la fumée des cigares, on laisse passer les heures, serein,
Dans un décor pur jus où les belles américaines qui,maintes fois repeintes tels des bijoux acidulés,
Joyaux pour collectionneurs avertis, de la Pontiac à la Buick, la Chevrolet, roulent encore en ville.
Buena Vista Social Club renaît déjà de ses cendres, on ne ferme pas la porte au cœur de Trinidad.
La musique, qui bat aux rythmes tropicaux, s'exporte mieux encore que les cigares de la Havane,
Elle n'a pas d'âge mais met encore de la joie, du baume et du bonheur à l'âme des vieux cubains,
Qui n'ont pas vu passer le temps, en rafistolant leurs maisons, leurs voitures, toujours en panne,
Compay Segundo, Ruben Gonzalez et Ibrahim Ferrer, ont dû voir chanter Obama à la cantonade.
L'Amérique va réinstaller ses usines, rénover le pays, offrir des rêves à ceux qui n'en avaient plus,
Serait-ce un vrai progrès que de transformer tout ce qui a perduré, malgré l'oppression politique.
Il n'est de capital que l'argent qu'on y fait, des prises d'intérêt, mais qu'en sera-t-il des habitants,
Réinvestir La Havane et rénover les hôtels, vaste chantier, si l'on y conserve l'esprit authentique,
Cuba la belle n'aura peut-être plus le charme d'antan, si elle devient une destination trop courue.
Qu'en sera t-il des côtes de plages au sable nacré quand elles n'attireront que masses de touristes,
Bordées d'hôtels au confort moderne, de La Havane à Santiago, Trinidad, Cienfuegos, villes phares,
Camarguey à la vieille architecture baroque hispano-coloniale, "Hay que luchar" il n'y a qu'à lutter,
Sera t-il du slogan d'hier, celui de demain et les cubains aux mains salies, usées sur leurs guitares,
Y trouveront-ils de quoi vivre leurs rêves, l' Eldorado capitaliste succédant à la dictature socialiste.
Depuis longtemps déjà, elle tient la cadence, érigeant la misère en art de la récup et du renouveau.
A La Havane,un musée de l'automobile à ciel ouvert où vieilles américaines déambulent dans la rue
Roulant cahin caha, à petite vitesse, donnant à leur propriétaire des airs de collectionneur élégant,
Gageons qu'avec leurs talents, la débrouillardise des cubains a déjà su nous en mettre plein la vue,
Sur un air de Cuba, à quel vent nouveau va-t-elle faire face, à quel rythme battra bientôt le tempo ?
Les vieilles carrosseries jonchent les rues au dehors, aux couleurs vives des murs, elles en prolongent le décor, tant cabossées que l'est encore au cœur le pays, qui donne par tous les moyens, des couleurs jusqu'aux rythmes, de la joie à la vie
Pontiac Chieftain
Dans cette pièce claire et vide au décor poussiéreux et passé, deux fauteuils avachis, à moitié éventrés, tenaient encore lieu de boudoir, un salon, un fumoir, ça sentait bon les souvenirs de La Havane, du temps de sa splendeur ne reste plus que les stigmates d'un passé qu'on aimerait voir soudain ressurgir
Chevrolet Bel Air 1955
Aux riches décors, ne reste plus que les sols à damiers, cheminées et quelques copeaux de peintures de couleurs vives, pas encore arrachés des murs d'une maison qui, en son temps, en a dû vivre, des soirées en famille, au rythme des chants, de la musique, au souvenir, un enchantement
Maisons désaffectées perdent avec leurs couleurs, un peu de leur splendeur
Au centre du patio, flottent en l'air les branches de cocotiers, de toute leur hauteur, au vent léger
Sur un air de Cuba, on fume à La Havane, même les vieilles, toutes endimanchées, le cigare de trente centimètres à la bouche, assises dans la rue, se pavanent
Fabrication du cigare, tabac que l'on roule dans des feuilles de tabac souples, avec une dextérité impressionnante, au rythme des journaux qu'on leur lisait, à portée de mains le coupoir pour ajuster l'embout de la feuille de tabac, vétuste lame acérée, sans manche, qui a du en tailler des cigares !
Cave à cigares décorée de damiers en marqueterie de paille, à Cuba, jeu de Dames, jeu de Messieurs, occupation prenante à toute heure de la journée, de la fabrication, à le fumer !
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