• 240. Nouvelle "LE FLACON GODART"

    240. Nouvelle "LE FLACON GODART"

    Le Château de Cernay à Ermont et son Chalet ci-dessous

    240. Nouvelle "LE FLACON GODART"

    Le Chalet Normandie du Château de Cernay à Ermont

    240. Nouvelle "LE FLACON GODART"

    Le pavillon à l'entrée était l'une des dépendances du Domaine du Château de Cernay, l'arbre entouré de son banc triangulaire formait déjà la Place Michelet, l'ancêtre du "rond-point". La rue de Cernay, actuelle rue du Général Decaen, séparait le Domaine du Château de Cernay de la Villa Godart. Ne restent plus aujourd'hui que la Villa Godart et la Chapelle du Château de Cernay (voir photos plus bas).

    240. Nouvelle "LE FLACON GODART"

    "Mon arbre" toujours entouré de son banc d'origine et moi, en 1976, telle que dans mon enfance quand je grimpais dessus, mon jeu quotidien, passage obligé en allant à l'école Pasteur située géographiquement juste en haut du Domaine du Château de Cernay, en face de la Place de La Fontaine. Un vrai rond-point entoure mon arbre aujourd'hui. L'entrée du Lycée Van Gogh a remplacé le pavillon d'entrée du Château.

    240. Nouvelle "LE FLACON GODART"

    Au fond, à gauche, on distingue le pavillon d'entrée du Château de Cernay. La rue de Cernay séparait déjà le domaine du Château de Cernay de la Chapelle et l'orphelinat de jeunes filles en bas à droite

    240. Nouvelle "LE FLACON GODART"

    Les domaines de la Villa Godart  et du Château de Cernay étaient séparés par la rue de Cernay qui deviendra plus tard la rue du Général Decaen qui lui, vécut les dernières années de sa vie jusqu'en 1832 sur le site de la Villa Godart, dans une ancienne Commanderie de l'Ordre des Templiers.

    240. Nouvelle "LE FLACON GODART"

    à droite, la Villa Godart, à gauche, le mur d'enceinte du Château de Cernay

    Née à Ermont, à quinze kilomètres au Nord-Ouest de Paris, j'ai vécu sur les lieux où était situé le Château de Cernay, détruit en 1953. Son parc, loti à partir des années 1890, a accueilli des maisons, dont celle de mes parents, construite en 1905 près de la Chapelle du Château sauvée elle, de la démolition en 1985. La rencontre avec ce flacon m'inspire de lui réinventer sa vie à travers une NOUVELLE 

    (Certains personnages y ont vécu avant ou après 1873, date de cet après-midi d'été où les châtelains Lacheurié reçoivent l'Architecte de la Morandière et les Godart, qui eux, ayant fait fortune grâce à leur Distillerie, usine à vapeur sise à Ermont, ont racheté le domaine voisin pour s'y établir en 1868, situé sur l'ancienne Commanderie des Templiers, propriété du Général Decaen, mort en 1832 et enterré à Ermont. Cette Villa Godart existe toujours aujourd'hui ainsi que la Chapelle du Château de Cernay)

    240. Nouvelle "LE FLACON GODART"

    La Villa Godart aujourd'hui

    240. Nouvelle "LE FLACON GODART"

    La Chapelle du Château de Cernay aujourd'hui

    240. Nouvelle "LE FLACON GODART"

    Ma maison et, dans le prolongement de la rue du Général Decaen, on distingue au fond l'orphelinat de jeunes filles qui jouxtait la Chapelle du Château de Cernay 

    240. LE FLACON GODART

     

    LE FLACON GODART

     

    En le voyant trôner sur la petite étagère de la coiffeuse, je me remémore comme si c'était hier cette histoire de famille qui se transmet de génération en génération depuis ma grand-mère Marie-Victorine, qui la tenait de sa mère Mathilde qui, en cet après-midi d'été 1879 s'était rendue au Château de Cernay, invitée par son amie Léonie Lacheurié. Elles avaient vu arriver les Godart, père et fils, suivis de près par Madame, toujours à la dernière mode dans ses bottines à boutons nacrés assorties à sa tenue blanche en plumetis, frêle et fragile, le teint pâle sous sa voilette, le pas mal assuré sur le gravier de l'allée qui crissait sous ses pieds, menant aux trois marches qui donnaient sur la terrasse ensoleillée à cette heure où Léonie, dans sa robe en broderie anglaise, l'air souriant, les accueillait déjà d'un mot aimable, les conviant simplement à prendre place autour de la table parmi les autres convives,  Mme Taffoureau et sa fille Amandine, l'Architecte Potier de la Morandière,  Le Professeur Albert Dastre, éminent Biologiste et Physiologiste, tout juste reçu Docteur en médecine, qui sera élève puis préparateur de l'éminent Pr Claude Bernard, et dont l'Architecte de la Morandière a réalisé les plans du Château entouré d'un superbe parc qu'il achètera plus tard, situé Chaussée Jules César, le Dr Choron et son épouse sur les fauteuils du salon de jardin sur lesquels on avait pris soin de déposer d'élégants coussins bordés d'une délicate dentelle. Les autres invités, propriétaires du Château situé un peu plus haut sur la commune voisine de Sannois étaient déjà présents et tout ce beau monde faisait connaissance, Dames aux longues robes blanches, chapeautées et mises en beauté accompagnées de ces Messieurs qui déjà, les laissaient entre elles pour mieux discuter entre eux de leur projet d'établir une route qui traverserait tout Cernay en séparant leurs domaines et permettrait aux calèches des déplacements plus sûrs sur un chemin plus propre à cette utilisation. C'était là pour eux le vrai motif de cette rencontre festive et c'est pourquoi l'Architecte Potier de la Morandière s'était déplacé en personne.

    240. Nouvelle "LE FLACON GODART"

    Le Professeur Albert Dastre, Biologiste et Physiologiste, élève et préparateur du Pr Claude Bernard a vécu à Ermont dans son Château ci-dessous et il a été Maire de la Commune de 1900 à 1908 tout comme Antoine-Joseph Godart (père) de 1878 à 1884 et Edouard-Nicolas Godart (fils) de 1892 à 1900

    240. Nouvelle "LE FLACON GODART"

    Plan réalisation en façade et de dos du Château du Professeur Dastre, réalisé par l'Architecte Potier de la Morandière dont l'entrée du parc donnait sur la Chaussée Jules César

    240. Nouvelle "LE FLACON GODART"

     

    240. Nouvelle "LE FLACON GODART"

    Mme Godart, s'avançant vers Léonie pour la saluer, lui tendit de ses doigts gantés un petit paquet bien enveloppé, entouré d'un ruban de soie, s'empressant de lui indiquer que c'était là le dernier né issu de la distillerie, spécialement conçu pour les dames. Léonie, en défaisant le ruban, dégagea le papier et découvrit dans un ravissant coffret  rouge foncé, tel un  bijou dans son écrin, un magnifique flacon d'Eau de Cologne enrubanné de rouge au col, surmonté d'un cabochon carré et dont l'écriture dorée sur une étiquette verte indiquait Eau de Cologne Distillerie Godart et Fils Ermont Seine et Oise, et Esprangle, avec lequel ils venaient de s'associer pour diversifier leur production, précédemment tournée vers un alcool à base de cerises de Montmorency de la région qui avait fait la fortune de la famille Godart. Voilà donc le nouveau fruit de votre entreprise, si je puis dire, avait ajouté Georges Lacheurié qui en avait entendu parler. Touchée, Léonie remercia chaleureusement Mme Godart de cette attention délicate qu'elle alla déposer discrètement sur une console à l'intérieur de la maison pour que le parfum ne s'altère pas en chauffant au soleil. C'était là un cadeau précieux qui, on le comprendra aujourd'hui, allait traverser le temps jusqu'à notre époque pour arriver par hasard jusqu'à moi.

    240. Nouvelle "LE FLACON GODART"

    Belles en terrasses admirant le parc et ses arbres

    240. LE FLACON GODART

    Aquarelle du Château de Cernay à Ermont

     

    Le château gardait clos ses volets pour y conserver la fraîcheur, à l'abri des rayons du Soleil. Monsieur Georges Lacheurié, le propriétaire, entrepreneur de son état et toujours à l'avant-garde de toute innovation en matière de modernité de l'habitat, avait totalement remanié l'ancienne demeure, trop monumentale à son goût, qui comptait à l'origine une quinzaine de fenêtres en façade. Elle n'en possédait plus que neuf aujourd'hui mais cela lui donnait un air plus simple, étonnamment plus chaleureux, moins austère et surtout, elle était plus agréable à vivre, pourvue de toutes les commodités en matière de chauffage, de salle de bains, cabinets de toilette, boudoir où Léonie recevait ses amies et, fumoir pour  ces Messieurs qui en appréciaient la discrétion, celui-ci étant situé à l'extrémité nord-ouest donnant sur les grands marronniers qui en assuraient l'ombrage propice à des discussions politiques les retenant parfois tard après l'heure du dîner ou à l'occasion de déjeuners. Le bureau de Monsieur Lacheurié s'y trouvait attenant et l'on passait souvent d'une pièce à l'autre pour y traiter négoce.

    Quant à Amélie, leur cuisinière, véritable cordon bleu, elle ne tarissait pas d'éloges envers Monsieur qui lui avait fait installer une cuisinière à charbon du dernier cri sur laquelle elle confectionnait à loisir ragouts et civets en cocotte dont elle tenait les recettes de sa tante Eulalie ainsi que les fabuleuses tartes aux fruits de saison dont nous allions nous régaler tout à l'heure, accompagnées d'une tasse de thé. On se servait encore du vieux poêle à bois pour tenir au chaud d'autres préparations et chauffer le chocolat dans la chocolatière avec le lait bien frais des vaches de Monsieur Duchesne à la ferme voisine de la Commanderie de Cernay.

     

    240. Nouvelle "LE FLACON GODART"

    Cuisinière d'Amélie

    240. Nouvelle "LE FLACON GODART"

    On se servait encore du vieux poêle à bois pour chauffer le chocolat dans la chocolatière

    240. Nouvelle "LE FLACON GODART"

    Mme Taffoureau, la restauratrice, ne manquait d'ailleurs jamais de passer saluer Amélie en cuisine à chacune de ses visites pour y glaner quelques recettes de sa façon qui feraient merveilles dans son commerce. Monsieur Taffoureau prêtait lui, en certaines grandes occasions, deux ou trois commis et autant de jeunes filles qui venaient aider en cuisine au château, sous les ordres d'Amélie, et Madame Taffoureau, bien que travaillant dur auprès de son époux à accueillir la clientèle et suivre les écritures comptables au jour le jour, n'en demeurait pas moins une femme à la pointe de la mode dont tout le monde s'accordait à dire en ville qu'elle avait une posture élégante et qu'elle portait divinement la toilette, coiffant chapeaux, toujours gantée, chaussant bottines assorties à ses robes, faites à son pied par Monsieur Demangel. On la croisait, la mine légèrement veloutée de Poudre de Java de Bourjois sous son ombrelle dès qu'elle quittait sa Maison.

    240. Nouvelle "LE FLACON GODART"

    Bourjois commercialisa la première Poudre de Java vers 1870 pour la beauté des Dames

    240. Nouvelle "LE FLACON GODART"

    Sous son ombrelle dès qu'elle quittait sa Maison

    240. Nouvelle "LE FLACON GODART"

    Chaussant bottines assorties à ses robes, faites à son pied par Monsieur Demangel

    240. Nouvelle "LE FLACON GODART"

    Plastron de dentelle et bottines à boutons

    240. Nouvelle "LE FLACON GODART"

    Ombrelles d'été en dentelle de Luxeuil de couleur bi

    240. Nouvelle "LE FLACON GODART"

    Petit vestiaire pour sorties en ville, visites en dentelles, chapeaux, ombrelles, robe d'été en plumetis 

    240. Nouvelle "LE FLACON GODART"

    Mme Godart, frêle et fragile dans sa robe blanche en plumetis 

    Les présentations furent tôt faîtes des Godart aux quelques invités arrivés avant eux. Il y avait là mon arrière grand-mère Mathilde, amie de Léonie, le bon Docteur Choron établi au centre ville et son épouse, Mme Taffoureau et sa fille Amandine, dont l'établissement, situé près de l'Eglise Saint-Flaive au centre de la commune accueillait noces, communions, banquets, cabinets de Sociétés où l'on venait conclure agréablement le négoce lors de déjeuners d'affaires et autres festivités des Ermontois qui, au fil de l'année, associaient cette Maison de qualité à leurs événements familiaux. Monsieur Taffoureau étant resté pour officier en cuisine et préparer le prochain service devrait tout de même les rejoindre un peu plus tard en attelage et raccompagnerait ses dames en ville avant le soir, et enfin, Monsieur Potier de la Morandière, l'architecte des lieux ainsi que de la Villa Godart, voisine était lui, venu seul, son épouse étant retenue par un rendez-vous d'essayage aux Ciseaux d'argent, chez sa couturière puis, chez sa modiste. 

    240. LE FLACON GODART 

    Ci-dessus, la maison Taffoureau

    240. LE FLACON GODART

    Ci-dessus,  la maison du Docteur Choron, au fond à droite sur la place des Ecoles Jules Ferry

     

    240. Nouvelle "LE FLACON GODART"

    Madame de la Morandière, femme de l'Architecte, était retenue par un rendez-vous d'essayage chez Madame Bussière, sa couturière, au Ciseau d'Argent, puis chez sa modiste

    240. Nouvelle "LE FLACON GODART"

    La mode au Ciseau d'Argent pour la femme et l'enfant

    240. Nouvelle "LE FLACON GODART"

    240. Nouvelle "LE FLACON GODART"

    240. Nouvelle "LE FLACON GODART" 

     

    Dans l'encablure d'une porte-fenêtre, au frais à l'intérieur, sur une desserte tendue d'une nappe brodée en son centre d'un PR aux initiales de la mère de Léonie, on distinguait un plat surmonté d'un cake aux fruits confits, une brioche joufflue tout juste sortie du four, un serviteur à étages en porcelaine décorée de semis de fleurettes ceint d'un fin liséré doré sur lequel étaient disposés profusion de macarons, rochers au chocolat au lait, madeleines, meringottes, beignets à la vanille nappés d'un glaçage sucré, pralines aux amandes dont l'odeur caramélisée venait jusqu'ici nous chatouiller les narines et, à côté, des tartes aux pommes, cerises, framboises surmontées de crème Chantilly, myrtilles, mirabelles et abricots qui donnaient une couleur gourmande à ce joyeux moment. Le couvert était dressé sur une table juponnée d'une nappe blanche en damassé de lin et soie brodée en rouge d'un double FJ en vis-à-vis aux chiffres de la mère de Monsieur Lacheurié. La modernité, au château, s'accommodait des traditions familiales que l'on respectait avec soin et raffinement et Marie, la lingère, y veillait scrupuleusement, qui tenait le linge de maison pour œuvre d'art, lavé au lavoir, rincé dix fois à l'eau claire du ru des cressonnières alimenté par les eaux thermales d'Enghien-les-Bains, séché à l'air, au parfum de fleurs fraiches entre deux nappes, puis amidonné et repassé au fer en fonte, un travail délicat qu'accomplissait Marie avec tout le sérieux dont Léonie vantait souvent les qualités et mérites auprès de ses amies.  

    240. Nouvelle "LE FLACON GODART"

    Dessert d'été aux fruits du cerisier, tombé de l'arbre dans l'assiette n'aura pas le temps d'y faire la sieste

    240. Nouvelle "LE FLACON GODART"

    Macarons parfumés à la violette, à la rose, à la lavande, présentés sur une cuillère repercée  

    240. Nouvelle "LE FLACON GODART"

    Profusion de macarons, meringottes...

    240. Nouvelle "LE FLACON GODART"

    240. Nouvelle "LE FLACON GODART"

    240. Nouvelle "LE FLACON GODART"

    Tartes aux pommes, framboises surmontées de crème Chantilly,...

    240. Nouvelle "LE FLACON GODART"

    240. Nouvelle "LE FLACON GODART"

    Beignets à la vanille nappés d'un glaçage sucré 

    240. Nouvelle "LE FLACON GODART"

    On l'aura compris, notre châtelaine appréciait le courage des personnes qui travaillaient à son service et qui, en retour, le lui rendaient bien. Elle avait une devise," il n'est pas de sot métier, il n'est que de sottes gens" et chacun avait son estime dès qu'il mettait du cœur à l'ouvrage, sans broncher, de la cuisinière à la femme de chambre, la lingère et jusqu'au jardinier. C'est ainsi que la demeure tournait, ma foi fort bien.

     

    240. LE FLACON GODART

    Le lavoir de la rue de l'Abreuvoir (actuelle rue Maurice Berteaux) où Marie allait laver le linge du Château

    240. LE FLACON GODART

     Le ru des Cressonnières qui courait depuis le lac d'Enghien-les-Bains et alimentait le lavoir d'Ermont 

    240. Nouvelle "LE FLACON GODART"

    Linge du château séché à l'air, au parfum de fleurs fraîches entre deux nappes, que Marie la lingère tenait pour œuvre d'art tant elle en prenait soin

    240. Nouvelle "LE FLACON GODART"

    240. Nouvelle "LE FLACON GODART"

     

    240. Nouvelle "LE FLACON GODART"

    Mouchoirs brodés à la main, délicats jours Venise réalisés à l'aiguille, broderie anglaise ajourée bordée d'un point de bourdon aussi solide, raffiné qu'élégant

     

    Tout ce joli monde bruissait déjà de conversations charmantes autour d'une table remplie de victuailles pour tous les invités présents et d'autres voisins qui devaient les rejoindre au cours de l'après-midi. Léonie avait prévu avec son mari que les dames laisseraient ces messieurs entre eux pour qu'ils puissent discuter de leurs affaires tandis qu'elle emmènerait ses amies prendre le frais au chalet Normandie, leur  joli chalet d'été situé dans une clairière, à deux pas derrière un rideau d'arbres dans le parc du château et qui conviendrait mieux à une ambiance féminine  dans la véranda dont elle venait de faire recouvrir les fauteuils dans un tissu très clair, simplement fleuri d'un doux blanc sur bleu pâle des Nouvelles Galeries, une jolie petite échoppe qui ne manquait pas de se fournir dans les meilleures maisons parisiennes. On lui avait d'ailleurs apporté tout un échantillonnage de nouveaux coloris dans différentes étoffes car elle envisageait de réaménager les chambres de son personnel sous les toits. Une pièce après l'autre, tout cela prenait un temps fou mais Léonie aimait arranger sa demeure et finissait par se spécialiser dans l'agencement d'un mobilier de qualité à sa disposition avec une touche d'originalité dans le placement d'une vieille armoire dans l'entrée, une patère repeinte en blanc qui accueillait les visites en dentelle de ces dames près de l'office ainsi que leurs ombrelles en dentelle de Luxeuil, toutes plus jolies les unes que les autres, assorties à leurs tenues du jour, souvent de couleur bi à cette époque de l'année. D'un petit rien, elle vous faisait une beauté et ne manquait jamais de disposer des fleurs dans toutes les pièces de réception ainsi que dans les chambres. C'était là une touche féminine que les visiteurs appréciaient toujours, y compris dans le bureau de Georges ou le fumoir qui accueillaient les discussions de ces Messieurs.

    240. Nouvelle "LE FLACON GODART"

     Elle ne manquait jamais de disposer des bouquets de fleurs dans toutes les pièces de la maison

    240. Nouvelle "LE FLACON GODART"

    Elle venait de faire recouvrir les fauteuils dans un tissu très clair, simplement fleuri d'un doux blanc sur bleu pâle des Nouvelles Galeries, une échoppe qui ne manquait pas de se fournir dans les meilleures maisons parisiennes

    Véranda du Chalet Normandie que Léonie venait de décorer, baigné de lumière mais qui vous tenait à l'abri des morsures du chaud soleil d'été

    240. Nouvelle "LE FLACON GODART"

    On lui avait d'ailleurs apporté tout un échantillonnage de nouveaux coloris dans différentes étoffes

    240. Nouvelle "LE FLACON GODART"

    Tenue d'été de couleur bi, ombrelle en dentelle de Luxueil assortie

     

    Les chapeaux de paille à rubans fleuris étaient très à la mode en cette année, les capelines délicatement tressées, plus pratiques et faciles à porter à la campagne que tous ces chapeaux dont les voilettes vous cachent le visage. On est tout autant protégée du soleil mais on sent la douceur du vent qui fait éventail avec les feuilles des arbres. Les promenades au long du parc y sont douces à cette époque de l'année et, même pour ces dames de l'office ou le jardinier, aller à la ferme de la Commanderie des hauts de Cernay chercher le lait et le beurre frais était une parenthèse si agréable qu'on en prolongeait bien volontiers le temps d'une demie heure quand ce n'était pas plus, s'arrêtant en chemin pour cueillir quelques mûres au creux des ronces d'un taillis qui, auparavant, séparait les deux domaines, celui de l'ancienne Commanderie des Templiers qu'habitait le Général Decaen, du domaine de Georges et Léonie. 

     

     

     

     

     


  • Commentaires

    1
    inconnu connu
    Mercredi 27 Mai 2020 à 10:57

    La maison Godard a été vendue, la propriétaire  n 'a pas su conserver toute la splendeur et la mémoire des Godard et du patrimoine Emontois, seuls les âmes errantes restent dans cette maison emplie de souvenirs pas toujours heureux et de phénomènes paranormaux alimentés par les nombreuses séances de spiritismes démoniaques que faisait la  propriétaire dans la cave et dans une salle dédiée à l 'étage. C 'est devenu la maison de la mort, triste , la famille qui  habitait là a été dissoute , la folie la colère et les esprits ont rendus fou les derniers habitants, les enfants sont partis . il ne reste plus rien. Le domaine a besoin d'un puissant nettoyage , les énergies sont négatives , gare à qui s'y aventure de trop près.

    inconnu connu 

    2
    inconnu connu = Bibi
    Lundi 9 Novembre 2020 à 14:50

    Toutes les histoires doivent avoir un épilogue. "L'inconnu connu" oublie de raconter la dernière page de cette chronique anachronique. Elle concerne pourtant celle qui guide sa main et déballe, sous son pseudo, sa haine et ses frustrations. La maison Godard (qui, en fait s'écrit avec un "t"), qui ne portait plus ce nom depuis bien longtemps, a été vendue par la famille qui en était propriétaire depuis 100 ans - en indivision - en 2017. En 2018, alors que les derniers occupants la quittaient définitivement, elle (il s'agit bien évidemment de celle qui guide la main de "l'inconnu connu") est venue, le lundi 29 janvier 2018, y abandonner auprès de ses parents ses deux fils de 2 et 3 ans. Elle voulait "vivre sa vie de femme", ce qu'elle n'avait pas manqué de faire jusque là sans retenue. Les deux garçons avaient déjà été abandonnés par leur père ; qui n'était pas à son premier abandon d'enfant. Ils portent son nom sans jamais l'avoir connu. Mais qu'importe puisque, depuis trois ans déjà leur mère a perdu la garde de ses fils. Quant au reste de la famille, il s'est recomposé tout aussitôt ailleurs, et plus solidement encore que par le passé, autour des parents, des enfants, des petits-enfants, des tantes et des oncles, des cousins... gardant intact le souvenir des jours heureux passés dans la "maison Godard" qui, pour les derniers occupants, a été d'abord celle du général Decaen, général de la Révolution et comte d'empire, enterré au cimetière d'Ermont où il est mort en 1832 . "Bibi", la calomnie est une chose ; la vérité en est une autre. 

     

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :