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241. LE VOYAGE DES PETITS PONTS
LE VOYAGE DES PETITS PONTS
Un petit pont, deux, trois vous font un m, un a, un m, un a deux petits ponts, un n, et on lit maman,
Qu'on aime déjà toutes ces rondes, ces pleins, ces déliés, tout droits ou un peu penchés, c'est selon
Qu'on écrive à la plume d'hier, au stylo high tech de demain, incrusté de pureté de laque, de nacre,
D'or ou d'argent, chaque pièce faite avec art, amour, gravées de pierres précieuses pour l'occasion,
Au fur et à mesure, en rythme, en cadence, le bien écrire des écoliers, où l'on y met ses sentiments.
Lettres écrites en petits ponts, en boucles, on en a tracé des kilomètres au cheminement d'écoliers,
Ces balbutiements de mots doux pour la fête des Mères, des Pères qui accompagnent nos cadeaux,
Prolongement de la pensée qui nous tient par la main,souvenir de vieux copains de classe du lycée,
La quête initiatique de l'expression, traduction manuscrite des émois amoureux du temps des ados,
A cet âge tourmenté où l'on est à fleur de peau, où le cœur éprouve ces emballements particuliers.
Le voyage des petits ponts, qu'on construit, qu'on trace en chemins de traverses, Bics qu'on écrase,
Sur des feuilles quadrillées, des lignes d'initiation, de punition, l'apprentissage du tissage des mots,
On y prend plaisir ou pas, on a pas le choix, on s'attèle à la tâche pour peut-être y laisser une trace,
Et trouver en soi sa voie, en écrivant ce que l'on ne dit pas, par pudeur, taire mais écrire ses maux,
Sinuant sur papier ses aventures de vie, cahiers de pleins et de déliés qu'on rangeait dans sa case.
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